COULEURS DES VOSGES

2013

J’arpente depuis plus de vingt cinq ans les sommets et les vallées

du massif des Vosges, avec mes appareils photos, d’année en année,

de saison en saison, avec la conviction que ce massif méconnu

mérite vraiment qu’on s’y attache et renferme des ressources extraordinaires et insoupçonnées.

Il faut dire que les Vosges, lorraines ou alsaciennes, offrent

une vision du paysage singulière et des milieux naturels très

contrastés, propre à une certaine rêverie romantique qui n’est pas

pour me déplaire. L’occupation du massif a traversé les époques,

du néolithique à l’ère chrétienne, jusqu’aux grands conflits mondiaux du XXe siècle et laissé ses traces dans les roches et les paysages.

Ce qui charme particulièrement c’est ce mélange de nature

et d’humanisme, ce sont ces couleurs et ces lumières très douces,

jamais coupantes, même au couchant, qui nous laissent penser

toujours à une présence des esprits, qu’on y croit ou non,

mais qui nourrissent en tous les cas fortement notre imaginaire.

Pierre Rich

Postface

Boîtiers : Mamiya RB67 et M645 argentiques, Nikon D300, D700 et D800.

Objectifs : 20 mm 2.8 - 50 mm 1.4, -35 mm 2,8, - 105 mm 2,8 VR macro - 300mm IF 4.

Le livre

Parution 2013 - Éditions du Signe

ÉPUISÉ

224 pages  couleur

ISNB : 978-2-7468-2938-1

Extraits du livre

L'œuvre des ombres

Écoute : dans le noir, une source sanglote

et meurt en gargouillis dans le bassin de grès ;

la nuit marque son pouls des cris de la hulotte.

Vois : le peuple ondulant des sapins tient congrès

Sous l’œil interloqué d’une lune chagrine,

Jalouse d’une étoile aux cils empanachés.

Respire ces odeurs d’humus et de résine

Et les acres relents aux chablis attachés.

Des chaos, des amas, où souvent se dessine

Le grand corps torturé de monstres arrachés

Aux parois fissurées, aux vastes plate formes.

Des dolmens impromptus, des menhirs de hasard,

Des dragons alanguis aux mâchoires énormes :

Univers hors du temps, gigantesque bazar

Couronné de vapeurs, auréolé de brume …

Des tanières de roc, des cavernes sans fond

Ouvrent leur gueule noire à ce peuple qui fume

De colère ancestrale, à ce convoi bouffon,

Grimaçant, immobile en sa rage assassine,

Exposant alentour ses chagrins rabâchés.

Ailleurs, c’est le dos rond d’un gnome qu’on devine

Parmi les champignons aux grands bonnets tachés

Ou le galbe parfait d’une nymphe mutine,

Émergeant tout à trac des buissons panachés.

La montagne t’accueille en robe mélusine,

Sotrés et Graouly dans ses replis cachés.

Roland Marx